Journal de résidence à l'Esaaix, Entrée 05
Observations 2nd AJMIAEP, même année que le 1er atelier, 3 étudianxtes étaient déjà là à l’atelier précédent. 4 Nouvelleaux. +1 étudiante qui est arrivée sur la toute fin de l’atelier. 2 Professeares qui travaillaient à autre chose et qui parfois commentaient ou participaient à des tirages au sort.
Une partie de Musique Bravo à 4 avec des étudianxtes qui ont rejoint en milieu de session. Environ 12 minutes.
Une partie du jeu de la retenue. Environ 10 minutes.
Un cycle du cycle de la vengeance avec une tentative de tutti en fin de cycle mais qui n’a pas abouti par manque de temps et d’attention de la part de tout le monde.
Sans doute le manque de sommeil s’est fait sentir de mon côté car j’étais extrêmement conscienxe de moi-même, à m’excuser de me sentir pas très à l’aise dans cette situation. Je me rends compte que j’ai du le verbaliser environ 3 fois, ce qui n’est sans doute pas très bon pour communiquer une certaine confiance. Du reste, les étudiantxes ont étés très compréhensivfes et m’ont partagé leur appréhension aussi.
L’atelier a souvent été interrompu par des opportunités de discuter entre corps enseignant-e-s et corps étudianxes, ce qui m’a parfois un peu perturbé le flux d’animation de l’atelier. Ça ne m’a pas aidé mais aussi me remet encore en question sur ma place dans cet atelier, ce que je veux y faire, si je souhaite réellement l’animer ou juste jouer moi aussi. Comme j’en discutai avec unx amiae, parfois on aimerait que des lieux/événements/activités existent sans qu’on ait à forcément toujours les diriger pour pouvoir nous même y participer et les apprécier pour ce que ça peut nous apporter aussi.
Beaucoup étaient là car intrigaes par l’aspect du travail sur le cringe que cet atelier peut faire et créer à soi et aux autres. Je me demande sincèrement si l’atelier produit du cringe. En tout cas il m’en produit souvent, et c’est pour ça que je l’apprécie beaucoup.
Nous avons aussi fait moins de séances et de jeux différents que sur la précédente session, sans doute que notre attention était beaucoup plus éclatée, et les parties du cycle de la vengeance avait des délibérations beaucoup plus longues pour l’établissement des contraintes ainsi que pour la compréhension des contraintes.
Le jeu du cycle de la vengeance est particulièrement prolifique pour créer des situations étranges dans l’espace et le temps, je suis à chaque fois bluffae par les conditions demandées par les groupes et comment elles sont traitées. J’ai comme une impression que c’est surtout l’espace qui prend forme et qui est l’intérêt des personnes y participant, moi de même, sans doute parce que ce jeu s’apparente aussi beaucoup à des jeux théâtraux.
Cependant, plusieurs choses me viennent en tête :
- Je me demande comment les étudianxtes viennent à penser à ces contraintes. J’ai l’impression que les contraintes ne sont pas pensaes en amont pour diriger une performance vers une idée que l’on a soi-même, quelque chose que l’on aimerait voir/entendre/vivre, mais juste parce que c’est fun de proposer des choses random « parce que ». Je pense que les deux approches se valent, qu’il y a autant une démarche chaotique qui peut générer des choses très abstraites, et autant une démarche assez dirigiste qui peut amener à une surprise totale.
- Parfois certaines contraintes sont trop abstraites pour être traitées, assemblées logiquement pour créer une performance sans y passer un temps conséquent. J’ai annulé, entre autre, le tutti final de l’atelier, pour ça. J’avais demandé à ce que tout le monde rajoute une contrainte, il y avait tellement de choses à traiter que faire des connexions entre les concepts auraient pris des heures en y dédiant son attention, ce qui n’était pas le cas du tout à la fin de l’atelier. Les étudianxes aiment dessiner et mettre en volume, moins des mots.
En soi encore une belle session d’atelier chaotique. Parfois ça me fait peur de le constater, ce chaos, et qu’il peut être grisant et bénéfique. On attend toujours des choses bien réglées et millimétrées. Peut-être est-ce toutes ces formations professionnelles passées qui me flinguent le cerveau et m’ont formatées à une manière d’exprimer la transmission, l’envie de créativité, et que si celle ci est chaotique et n’aboutit pas sur une affirmation des valeurs ou de la morale que l’on veut transmettre alors c’est pas bon. Alors qu’en soit, toutes les expériences nous travaillent sur la durée, prennent le temps d’être digérées, qu’elles aient été chaotiques ou non, qu’elles apportent, construisent, quoi qu’il arrive. Il faut que je réussisse à faire la paix avec ça, ça me soulagerait et aiderait à ne pas imposer ma stabilité mentale sur les participanz.
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Aux portes ouvertes de l’école, j’ai discuté avec François, professeur d’électro acoustique qui était venu à mon premier atelier. On a parlé silence et écoute active et son expérience des jeux sur le silence m’a donné une idée de jeu.
Avoir une foule de personnes qui jouent le jeu et qui parlent en groupe. A un moment quelqu’un décide de faire silence et doit faire propager le silence autour d’ellui jusqu’à ce que tout le monde se taise. Puis à un moment, quelqu’unce décide de reprendre le bruit. Si on est nostalgiques des happenings et flash mobs, il faudrait essayer de faire ça en s’infiltrant dans un espace symbolique où une foule est déjà présente et lancer une partie du jeu. Potentiellement quand on ressort du silence, repartir en citant une litanie, un texte, une phrase, quelque chose qui peut faire peur ou choquer à amplifier au fur et à mesure.
Choses que j’aime faire à l’Esaaix :
- Tapoter les marches en pierre sous le préau pour entendre la déformation du son qui fait un écho très court contre la dalle de béton du préau. Comme un coup de pied robotique. Les claps ne sonnent pas exactement robotiques, ce sont surtout les bruits de semelles qui profitent de cette acoustique.
- Marcher très lentement derrière un pigeon sans le faire s’envoler le long d’un chemin.
- Regarder les couleurs des tags sur l’espèce de constructions en bois à l’entrée de l’école.
- Passer faire coucou à la médiathèque.