Journal de résidence à l'Esaaix, Entrée 03

Dieu que j’aimerai posséder le don d’ubiquité, de pouvoir exister à la fois à Aix et Marseille. L’école, de jour, est d’une fraîcheur incroyable et me fait travailler sur de vieux traumatismes liés à la déscolarisation, et Marseille me tend à chaque instant des discussions vertigineuses et imprévisibles.
Ce qui m’amène à tant de possibilités quant à la manière d’aborder la résidence et son but.
Je veux tout faire en même temps et c’est effrayant. Travailler sur le game design pour la mise à mal de l’aliénation capitaliste dans toutes les strates du concept musical, travailler sur la philosophie de la musique et la saisie du temps révolutionnaire, créer des jeux, des ateliers, des absurdités, rencontrer de nouvelles personnes, voir et revoir mes proches. Ça me fait tellement peur d’avoir toutes ces choses envisageables.

J’ai trouvé un petit angle d’approche pour écrire sur la philosophie de la musique en discutant avec Louise après notre répétition pour la battle de noise du 18 février. Elle m’a demandé comment j’en étais venuxe à la philosophie de la musique, pourquoi ça m’est tombé sur la tronche alors que je n’ai pas fait d’études là-dedans. Et j’ai repensé à un passage développé dans la video que j’avais écrite sur la noise il y a bien longtemps où je me posais la question « A-t-on réduit la musique à son maximum ? » après avoir abordé la question du silence dans la musique et dans le maximalisme bruitiste désossé de ses notes, ses instruments, sa technicité, son rythme. A-t-on gagné à la musique ? À l’époque, je ne me souviens plus et je n’ai pas envie de regarder cette vidéo là maintenant pour m’en rappeler, je crois que je disais Non mais sans grande conviction d’une porte future, à part peut-être déjà Fluxus. Je pense que c’est déjà un angle intéressant de se faufiler par là, une problématique qui peut s’installer et se développer, d’abord par ce que l’on considère comme étant le capitalisme dans ce que l’on considère comme étant la musique et dans ce que l’on considère le temps. Puis, amener le concept de musique qui est la saisie du temps, la conscience de notre pouvoir d’action sur le temps qui passe, que cette matière existe et que c’est dans celle-ci que l’on peut exister et révolutionner le quotidien. Je me perdrai toujours sur ces aspects, je ne suis pas sobre et il n’est pas tôt.

Pour le prochain AJMIAEP, faire le jeu de l’écho modulé d’abord en faisant jouer les participantxes un par un, puis refaire une session avec tout le monde qui joue au fur et à mesure.
Aussi, le rendez-vous avec les documentalistes et le prof d’anglais de l’Esaaix était chouette et a amené à réfléchir à des performances nombreuses, collectives comme individuelles, où l’on pourrait reprendre du Fluxus, transformer ces pièces, comme en créer de nouvelles. On pensait aussi à voir pour organiser un atelier de création de groupes de musique cringe qui pourrait participer à l’événement aussi. On a encore du temps pour voir ça et j’aimerai bien sonder les élèves qui viennent à l’AJMIAEP ce qu’iels en pensent. On m’a aussi proposé de passer dans la radio Zaï pour parler de ce que je fais en musique, et c’est assez grisant.

Nous sommes passaes à Data avec Louise pour leur proposer des ateliers de jeux musicaux, comme ça je pourrai aussi en faire pour les marseillaixes que ça pourrait intéresser ou qui ont juste envie de voir mes bêtises. Il faut que je leur envoie un mail, l’idée leur plaît grave. On a aussi fait la propagande du concert du 18 février avec comme accroche que l’on veut faire des battle de noise. Et les personnes de Data étaient trop emballées par l’idée et voudraient aussi participer. On pensait déjà que faire des battle de noise à plus de deux étaient une idée rigolote (faire du chacunxe pour soi à tout de rôle comme pour le 18, ou en faisant des équipe qui se blastent).

Idée d’installation de jeu sonore : Street Fighter de la noise mais au lieu des contrôleurs manettes, ce sont des installations de noise (guitare avec pédales, synthés modulaires, petits objets amplifiés avec micro contacts…). Installés sur une scène carrée, si possible avec deux murs qui forment un angle sur lequel on projette une image d’un niveau de jeu de bagarre. Les joueureuses doivent s’inventer une persona avant de monter sur scène contenant des informations comme un Prénom, des choses qu’iels aiment et détestent. Le but du jeu est de faire descendre la barre de vie de ses adversaires. La barre de vie de l’adversaire descend en fonction du nombre de décibels perdus dans la compression sonore (si cela est calculable). On met donc un hard limiter sur chaque source sonore et selon le travail de compression, cette barre de vie diminue.
Idée d’installation de jeu sonore HARDCORE : Street Fighter de la noise mais en mettant des capteurs audio dans des gants de boxe et dans les protections, qui font du bruit extrêmement amplifiés quand on se donne des coups. Le set up reste le même que précédemment. Penser à installer un pôle infirmerie à proximité (avec des compresses amplifiées, évidemment).