Programme, La salle de jeu et la peur, le ver d'oreille, la non illusion ou l'espace sonore est-il composé de vibration ou bien de la perception de soi-même ?

Je me demande comment les jeunes vivent l’existence du musical dans leur vie actuellement.
La mienne aura été marquée par l’arrivée du web 2.0, de l’ADSL, et tout simplement par la numérisation et le possible du numérique de la musique.
L’excitation lors de la possession du premier lecteur mp3, à l’écouter avec les écouteurs, sur le bureau de l’ordinateur allumé qui possédait pourtant des enceintes allumées elles aussi.
Le premier logiciel de Peer 2 Peer pour découvrir la musique dont on parlait sur les forums RPG Naruto. Découvrir son premier quiproquo sonore avec la chanson System of a Down - Zelda Theme (mais qui est en fait de The Rabbit Joint), que les fichiers .exe ne sont pas lisibles avec des lecteurs de fichiers sons. Mais surtout découvrir Radioblog.
C’est incroyable l’impact qu’aura eu ce site sur moi, à jamais. Tant de vers d’oreille que je n’arriverai à retrouver que des années plus tard.
Mais le ver d’oreille le plus introuvable, celui qui m’aura obsédé et marqué le plus profondément n’aura pas été Mogwai Fear Satan remixé par My Bloody Valentine mais la chanson “La salle de jeu et la peur” du groupe Programme.
Va chercher le groupe Programme sur Google quand tu ne connais pas le nom du type qui chante, quand tu ne connais pas Diabologum, ni même Expérience.
Il en aura fallu des allers retours, des recherches du texte de mémoire “Chez moi vous ne connaissez pas, vous en avez entendu parler aux infos dans les journaux”, “Direction la Salle de jeu” “Moi aussi j’ai peur, c’est la seule chose qui nous rapproche”.
La voix de Michniak comme seul espoir d’un jour entendre le pied qui aura formé l’empreinte de mon souvenir.
Cette trace dans mon cerveau est réelle. Ce souvenir est réel, transformé par le souvenir, un son qui vit dans l’interne et qui évolue avec la dégradation de la mémoire, joint après joint. Les mots et les sons changent, se lissent, se durcissent. Et chaque tentative de remémorer est un nouveau moment musical. Ce n’est pas une illusion. Ce qui se passe quand je chante le souvenir de cette chanson dans ma tête, ce n’est pas une illusion.
Cette remémoration existe et fait parti de l’espace sonore. Il se superpose, comme le chant des oiseaux à l’aube de la partition de Secret Piece de Yoko Ono. L’accompagnement des oiseaux à l’aube, à chaque répétition de la note que l’on veut jouer. Mais si les oiseaux ne sont plus là, il faudra les imaginer, les superposer sur l’acoustique. Le souvenir de “La salle de jeu et la peur” de Programme aura été mon chant d’oiseau à l’aube. Un espace sonore interne que je superpose à l’acoustique, du réel rien que pour moi.
Cette transformation, je sais qu’elle réside encore en moi. De nouveau changée après avoir trouvé de nouveau le fichier mp3 de La salle de jeu et la peur. Le poids concret du fichier aura de nouveau moulé l’empreinte de mon souvenir.
Je pense encore à toi, souvenir de “La salle de jeu et la peur”. Car tu me fais comprendre que le musical n’est pas acoustique. Il est un moment, une situation, qui ne se joue pas dans la vibration de l’air, mais qui vit là, dans l’espace et le temps.